ça y est. Jour J. Jour d’intensités. D’intervalles. D’accélérations. It’s D-day! En termes sportifs, ça signifie tout simplement jour de bourrinage en règle entre collègues. Passage obligé de l’entraînement un minimum sérieux, ce type de séance vous triture le système nerveux dès l’instant où on vous donne la date et l’heure de rendez-vous. Vous n’êtes déjà plus le même. Ces derniers jours, ces dernières heures avaient en plus un petit goût d’envie, d’amertume et de stress. Une petite note de musique lancinante qui vous accompagne, et augmente progressivement en intensité. Cette musique nerveuse doit certainement préparer automatiquement l’organisme. Car il faudra être costaud pour se coltiner des souffrances sportives tout seul sans rien dire. Et cela pour le plaisir. Oui, le plaisir. Oui.

Bon voilà, c’est ce soir, ça fait deux jours que t’y penses un peu, et chaque heure qui te rapproche de l’entraînement voit s’intensifier le stress! Tu te mets même à boire autant d’eau que les recommandations de l’OMS, tu fais l’impasse sur le steack de midi, tu manges même un kiwi…

Hop! Echauffement! Les collègues soufflent, sautillent, crient et expulsent un peu leur appréhension en espérant secrètement les déstabiliser. Pour rire hein. Mais on parle moins que d’habitude. D’ailleurs on s’échauffe mieux que d’habitude. Automatique. Y’en a qui font les marioles, d’autres qui regardent leurs chaussures, d’autres qui soufflent en l’air. La ville elle même dégage une tension dans ses lumières, dans ses bruits. C’est palpable dans chaque mouvement de feuille ou dans chaque air qui passe.

ça part vite mais en réserve pour prendre le rythme. La répétition des accélération et leur nombre demande instinctivement de la réserve. Et puis, très vite, la première mèche est allumée. Et c’est là qu’un club prend tout son sens, car ça ne s’arrêtera jamais. ça va même être de pire en pire, les défaillances de certains arrivant et les attaques d’autres se faisant plus incisives. La moitié de séance signera un léger soulagement, comme quoi on a déjà survécu. Mais la deuxième moitié sera toujours la pire en termes de ressenti physique. Il n’y a alors plus aucun calcul et tout le monde se met « à bloc » quitte à en crever. On entre dans un état psychologique proche de la démence, souffrant et accélérant quand même. Les maigres pauses permettent juste aux muscles et au souffle de se refaire (rapidement) mais le mental est rarement au beau fixe. ça va tout juste un peu mieux physiquement qu’il faut ré-actionner très rapidement la machine! Et pour ne battre rien ni personne, juste pour se dire que quitte à le faire, on va le faire à bloc, et que toute baisse serait un échec. Alors on y va, en fermant les yeux s’il le faut, et on se donne totalement, presque encore plus que lors d’une réelle compétition! C’est à celui qui se mettra en six qui gagnera réellement. Puis on aperçoit les 3 dernières, les 2 dernières et LA dernière, comme une totale délivrance dans une explosion musculaire.

Enfin, les félicitations tombent, qu’importent les échecs, les défaillances et les coups d’éclats. Allongés, assis, penché en avant les mains sur les cuisses, toussant et crachant de la plus belle des manières, les réactions fusent, toutes en formes de compliments. Nous l’avons fait, bravo, franchement, c’est n’importe quoi, mais bravo. On refera. Mais pas immédiatement quand même. Et chacun repart, le cœur léger, l’esprit satisfait. Autant par la satisfaction du travail accompli et de la réussite dans la douleur, que par le partage éprouvé le long des difficultés, l’approche et le final. Le corps s’en sort légèrement meurtri mais pour la bonne cause, sa résurrection prochaine!

 

– Fortement inspiré des séances adultes du jeudi soir -