Le ski de fond ? C’est vraiment pas un sport comme les autres ! Parce que les fondeurs sont vraiment des timbrés ? Peut-être mais d’autres sports abritent un certain nombre de gens pas nets, le cyclisme, la course.. Même d’autres sports qu’on comprends mal : le rallye, le curling… Les plongeurs à 30m sont timbrés aussi.  Le ski c’est différent. Car c’est tellement dur pour de si faibles gains qu’il faut bien quelque chose pour nous botter le cul! Mais le ski, en fait, c’est juste une manière de vivre et de se rassembler, pour aller de l’avant et devenir plus forts, physiquement et dans sa tête.

Le ski c’est aussi différent des autres sports parce que l’hiver est court et la période de courses rétrécie. Il faut absolument être en forme de Décembre à Mars, c’est court. Pour ça, le fondeur doit se préparer, mais sans compétitions. Pour être au top l’hiver venu, il arpente les routes et les sommets, court et roule à toute vitesse à travers le pays. Et dès que la neige arrive, il continue sur ses skis. C’est comme ça qu’ils sont en forme. Et sans trop se poser de questions, il suffit d’y aller, de pousser, de forcer et advienne que pourra !

Là est la véritable qualité du fondeur. Il fonce. Il s’entraîne tout l’été, à l’aveuglette, sans compétitions. Juste parce qu’il aime ça? Par plaisir? Bin ouais…

Bien sûr il y a quand même quelques compètes qui traînent en été : vélo, course à pied et même ski-roue mais ce ne sont pas les mêmes rendez-vous, pas les mêmes adversaires. Ce ne sont que de « petits » tests pour notre skieur de fond. S’entraîner sans résultats immédiats (hors le pur plaisir de gagner en vitesse et endurance) c’est comme cuisiner sans manger, comme travailler sans paye, comme gouverner sans réélections ? Bref ça forme de bonnes qualités.

Alors le fondeur l’été s’invente de nouveaux défis, des challenges qui le rendront plus forts, dans son corps et dans sa tête. Des kilomètres de vélo, des enchaînements inédits de cols et de sommets, des chronos sur le moindre parcours. Et comme ça, il épate également un peu son monde, même le monde sportif. Qui est assez idiot pour partir seul faire 200 km de vélo ou trois sommets en montagne en une journée ? « Mais t’es malade ? Pourquoi tu fais tout ça ? »

  • On voyage, même proche de chez soi, y’a des routes, des sentiers, des endroits inconnus et magnifiques
  • On sent vite une progression dans la vitesse et la longueur des sorties, et on finit par avoir besoin de se dépenser
  • On se fatigue. Ou plutôt on se dépense. Car la vie sert à ça. Construire des choses, explorer. On se sent vivant, et on se reposera quand on sera mort. Quand il fera nuit ? Même pas sûr…

Parce qu’il s’entraîne à l’aveuglette, le skieur de fond se cherche tout le temps des défis. Pour continuer à vivre. Il se construit à mental d’acier. Un peu comme un samouraï qui casse des briques avec son petit doigt, très résistant le fondeur devient. Sa peur il apprend à surpasser.

Tous les matins il part à l’aventure : « Quoi pour moi aujourd’hui ? J’AI FAIM ! » Un chrono sur la grimpée de cette montagne ? Ce col en ski-roue ? Ou pire, cette descente ? 200 km en vélo ? Une séance d’intervalles jamais faite ? Les idées sont infinies. « Ah non je peux pas, je dois aller à Grenoble… Mais attends… A quelle heure je dois me lever pour y aller en vélo ? ».

Et l’hiver, le film continue ! En pire ! Des séances de ski à manger et re-manger ! Les défis cette fois se comptent en heure, en kilomètres, en type d’intensité, en enchaînements de journées. Mais cette fois, les défis doivent s’accorder avec les courses, ces courses qui restent le challenge principal restons lucide. Certains défis sont même des enchaînements de courses. Qui enchaînera deux courses victorieuses comme ce cycliste (lequel ???) qui gagna le critérium du Dauphiné (7 jours à 200km) puis Bordeaux-Paris (1jour, 600km) sans dormir entre les deux ? Cet enchaînement reste le plus difficile et les 2 plus belles victoires d’un sportif.

Toujours se mettre en situation difficile lors de la préparation, c’est le crédo de cet idiot de fondeur. Pas que de l’entraînement, c’est un véritable mode de vie qu’il se construit. Une façon de ne pas craindre les évènements et de ne pas se « laisser vivre ». Etre véritablement acteur de sa vie. Aller au-devant de ce qu’on aurait cru impossible, trop dur. Se sentir vivant et puissant, mais en restant humble, solidaire, lié à notre environnement et aux autres. Une montagne n’est jamais vaincue. Et ce sera toujours une EQUIPE qui aura porté un des siens vers le succès. Et l’adversaire peut être battu, mais il restera toujours ce frère qui vit comme nous, et qui est pareillement (ou presque) idiot. Et son jour viendra aussi.

Ce n’est pas un mode de vie facile, ce qui n’est pas sans déplaire au fondeur. Alors quitte à choisir la difficulté, autant le faire TOUS ENSEMBLE, en être fier, et surtout ne pas le faire à moitié ! Des millions de défi nous attendent. Une sortie inédite ? Une panoplie de podiums ? Un relais ? Etre un plus grand nombre de givrés ? Pour aborder la vie et l’entraînement du bon côté, le côté des copains gagneurs!